Prévalence de consommation de tabac
Situation actuelle
En 2016, la part de fumeurs/ses dans la population suisse âgée de 15 ans et plus s'élevait à 25.3% (voir figure ci-dessous: CoRolAR - Statut de consommation tabagique par sexe, région linguistique et âge (2016)). Plus de deux tiers des fumeurs/ses fument quotidiennement (ce qui équivaut à 18.0% de l'ensemble de la population de 15 ans et plus). La proportion de fumeurs/ses diffère de manière assez marquée entre hommes (29.5%) et femmes (21.1%); cette différence étant apparemment autant attribuable à la proportion de fumeurs/ses quotidiens/nes (20.8% chez les hommes, 15.3% chez les femmes) qu'occasionnels/les (respectivement 8.7% contre 5.8%). Des variations conséquentes mais attendues s'observent entre groupes d'âge, et ce tant chez les hommes que chez les femmes (Figure).
La proportion de fumeurs/ses varie entre les régions linguistiques: elle atteint 27.1% en Suisse romande, 30.5% en Suisse italienne et 24.3% en Suisse allemande (voir figure ci-dessous: CoRolAR - Statut de consommation tabagique, par sexe, par région linguistique et par âge (2016)).
CoRolAR - Statut de consommation tabagique, par sexe, région linguistique et âge (2016)
Source: | Gmel, Kuendig et al. (2017) |
La part de fumeurs/ses, et particulièrement celle de fumeurs/ses quotidiens/nes, est sensiblement plus élevée parmi les personnes ayant un niveau de formation peu élevé (Figure). Par exemple, alors que plus d'un quart des hommes ayant au plus achevé l'école obligatoire (27.0%) fumaient quotidiennement, 10.2% des hommes ayant une formation universitaire ou HES en faisaient de même.
Des différences marquées sont également observées en fonction de l'activité professionnelle. On constate que la prévalence du tabagisme est la plus élevée parmi les personnes sans emploi (41.8% dont 35.4% de fumeurs/ses quotidiens/nes), suivie des personnes employées à plein temps (30.9%; Figure)).
Concernant le lien entre caractéristiques sociodémographiques individuelles et consommation de tabac, des analyses détaillées des données de l'ESS de 2012 ont mises en valeur un lien significatif entre la consommation actuelle de tabac et le fait d'être jeune, de genre masculin, d'avoir un bas niveau de formation et d'exercer une activité professionnelle (Thrul, 2014). Ces mêmes caractéristiques étaient également associées à une quantité moyenne de tabac consommée plus élevée. Il était en outre plus probable d'être fumeurs ou fumeuses en Suisse romande et en Suisse italienne qu'en Suisse alémanique. La quantité de tabac consommée en moyenne par jour était aussi plus élevée dans ces deux régions linguistiques.
Evolution depuis les années 1990
Depuis 1992, l'ESS suit l'évolution de la consommation de tabac en Suisse parmi les personnes âgées de 15 ans et plus. Une hausse de la prévalence de tabagisme a été observée sur la période 1992-1997, suivi d'une diminution entre 1997 et 2012 et d'une situation relativement stable jusqu'en 2017 (Tableau). Bien que la proportion de fumeuses était relativement stable depuis 2007 (Tableau), la proportion de fumeurs a légèrement diminué entre 2012 et 2017 (Tableau). La part de personnes qui fument dans les différents groupes d'âge montrait des tendances d'évolution différenciées sur cette période. En Suisse germanophone et francophone, l'évolution a été à peu près la même que dans l'ensemble de la Suisse (Tableau). En revanche, dans les régions italophones, la proportion de fumeurs a augmenté depuis 2007.
Le Monitorage sur le tabac Suisse (TMS) a quant à lui documenté une nette et régulière tendance à la baisse de la prévalence de la consommation de tabac sur la période de 2001 à 2008 (passage de 33% à 27%), cette prévalence s'étant ensuite stabilisée et était de 27% jusqu'en 2010 (voir ci-dessous figure TMS et CoRolAR - Evolution de la proportion de fumeurs/ses (2001-2016)). La diminution observée sur la période 2001-2008 semble principalement liée à une diminution de la prévalence de la consommation quotidienne (passage de 24% à 19%), la proportion de fumeurs occasionnels restant relativement stable sur l'ensemble de la période couverte par le TMS (2001 et 2010 (Figure)).
Même si les méthodes de relevé du TMS et de l'étude CoRolAR sont en certains points similaires, la comparaison de prévalences émanant de ces deux études doit être faite avec précaution. Une comparaison approfondie des données de ces deux études a toutefois mis en avant une très probable baisse de la prévalence du tabagisme entre 2010 et 2011 (Kuendig et al., 2012).
TMS & CoRolAR - Evolution de la proportion de fumeurs/ses (2001-2016)
Notes: | TMS (2001-2010): 14 à 65 ans. CoRolAR (2011-2016): 15 ans et plus. |
Source: | Gmel, Kuendig et al. (2017); Keller et al. (2011) |
Tendances par sexe et groupe d'âge
La baisse de la consommation de tabac entre 2001 et 2010 s'observe tant chez les hommes (-7 points) que chez les femmes (-6 points; Figure); dans les deux cas, il s'agit surtout de la part de personnes fumant quotidiennement qui a diminué. Un effet de stabilisation était toutefois observable pour les hommes comme pour les femmes sur les dernières années couvertes par le TMS (2008-2010).
L'évolution de la prévalence de consommation dans les différents groupes d'âge montrait deux tendances légèrement différentes sur la période 2001-2010 (Figure): la première est celle d'une tendance marquée à la baisse pour les 14/15-19 ans, 25-34 ans et 35-44 ans (entre -7 et -10 points); la seconde celle d'une légère tendance à la baisse pour les autres groupes d'âge (-2 à -4 points). Ces tendances se retrouvent également lorsque les hommes et les femmes sont considérés séparément (Figure).
Tendances dans les régions linguistiques
L'évolution à la baisse de la prévalence de consommation de tabac présentée ci-dessus est également observable au niveau des différentes régions linguistiques du pays (Figure). L'intensité de cette diminution depuis 2001 était toutefois légèrement moins forte en Suisse italienne (-4 points) qu'en Suisse romande et alémanique (respectivement -7 et -6 points).
Prévalence chez les jeunes
Bien que basés sur des méthodes d'enquêtes différentes, CoRolAR, le TMS et l'étude HBSC permettent de se faire une idée étendue de la problématique du tabagisme chez les jeunes en Suisse. Les tendances observées par ces enquêtes sont concordantes et correspondent à celles observées dans la population générale, à savoir une augmentation de la prévalence entre les années 1990 et 2000, puis une tendance à la baisse.
En 2016, 10.7% des personnes de 15-19 ans fumaient tous les jours, 10.4% occasionnellement (voir figure ci-dessus: CoRolAR -Statut de consommation tabagique, par sexe, par région linguistique et par âge (2016)).
Par ailleurs, selon les données sur la consommation de tabac chez les 15 à 25 ans de l'enquête CoRolAR 2016 (Kuendig et al., 2017), 31.6% des jeunes et jeunes adultes de cet âge fumaient quotidiennement ou occasionnellement (Figure). Les proportions de fumeurs/ses ont tendance à augmenter avec l'âge et ceci aussi bien chez les hommes que chez les femmes (Figure). 17.3% des garçons et 14.4% des filles âgé-e-s entre 15 et 17 fumaient (quotidiennement ou occasionnellement) pour 44.2% des hommes et 30.1% des femmes âgé-e-s entre 24 et 25 ans.
Selon les données du TMS de 2001 à 2010, tant les jeunes hommes que les jeunes femmes des différents groupes d'âge montraient des tendances à la baisse concernant les proportions de fumeurs/ses (Figure).
L'étude HBSC fournit des données relatives à la prévalence de consommation de tabac chez les 11 à 15 ans. En 2018, alors que la part de fumeurs (hebdomadaires et/ou journaliers) restait relativement faible à 11 ans (0.0% chez les filles et 0.4% chez les garçons), elle s'envolait chez les 15 ans (7.7% chez les filles et 9.7% chez les garçons; Tableau), 5.6% des garçons et 3.5% des filles de cet âge rapportant fumer quotidiennement (Tableau). La proportion de fumeurs quotidiens dans ce groupe d'âge est comparable par rapport à l'enquête précédente (2014: garçons 6.6%, filles 6.4%).
La relation entre la consommation de substances psychoactives et les différentes caractéristiques des jeunes de 11 à 15 ans (caractéristiques sociodémographiques, mais aussi caractéristiques de santé et de bien-être, ainsi que de l'environnement social) a par ailleurs été examinée sur la base des données HBSC de 2018 (Delgrande Jordan et al., 2019).
Abstinence à vie
Abstinence à vie
En 2016, plus d'une personne sur deux - 51.2% - âgée de 15 ans et plus n'avait jamais fumé au cours de sa vie (voir ci-dessus figure: CoRolAR - Statut de consommation tabagique, par sexe, par région linguistique et par âge (2016)). Cette part est sensiblement supérieure chez les femmes (58.5%) en comparaison aux hommes (43.6%). Une plus grande part d'abstinent-e-s à vie se trouvant parmi les groupes d'âge les plus jeunes et les plus âgés (Figure).
Evolution de l'abstinence à vie depuis les années 1990
La part d'abstinent-e-s à vie a connu une légère tendance à la baisse entre les années 1990 et 2000 (Tableau). Cette tendance s'est toutefois inversée depuis le début des années 2000 (Figure).
Une évolution conséquente à la hausse de l'abstinence à vie est observée notamment chez les 35 à 44 ans depuis 2001 (Figure); des augmentations moins importantes, et parfois très irrégulières, étant quant à elles enregistrées pour les autres groupes d'âge. Cette tendance à la hausse de l'abstinence à vie est en outre observée chez les hommes et les femmes (Figure; Figure) et dans les différentes régions linguistiques (Figure).
Evolution de l'abstinence à vie chez les jeunes
De façon générale, les données concernant les jeunes suggèrent que l'évolution de l'abstinence à vie parmi les jeunes est similaire à celle de la population générale, à savoir qu'une diminution a été enregistrée dans les années 1980-1990, suivi d'une augmentation depuis le début des années 2000 (HBSC, 11-15 ans: Tableau; TMS, 14-19 ans: Figure). En raison d'importantes modifications dans le questionnaire HBSC depuis l'étude de 2010, il n'est plus possible de suivre l'évolution de l'abstinence à vie. Cependant, les données HBSC 2018 révèlent que 64.6% des garçons et 70.2% des filles de 15 ans n'ont encore jamais fumé (Delgrande Jordan et al., 2019). En 2014, il était respectivement de 62.5% et 65.1%. Par ailleurs, une très grande différence entre les groupes d'âge s'observe, à savoir qu'entre 11 et 15 ans, l'abstinence à vie des jeunes diminue nettement. Cependant, l'évolution est la même pour les garçons comme pour les filles.
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