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Amphétamines, Ecstasy et stimulants similaires

Vue d'ensemble

Situation actuelle

Les amphétamines, la méthamphétamine et l'ecstasy sont des substances de synthèse exerçant un effet stimulant sur le système nerveux central.

Usage d'amphétamines et de substances analogues dans la population résidente en Suisse
L'enquête CoRolAR, représentative de la population résidente âgée de 15 ans et plus, comporte une question ouverte sur l'usage de différentes substances illicites telles que le LSD, l'ecstasy, le speed ou la kétamine au cours des 12 mois précédant l'enquête. Des questions détaillées sur la prévalence d'usage d'ecstasy ont été intégrées dans l'enquête CoRolAR entre janvier et juin 2016, et sur l'usage de speed et autres amphétamines entre juillet et décembre 2015. L'usage d'ecstasy au cours des 12 derniers mois a été signalé par 0.5% des personnes interrogées et le speed et autres amphétamines par 0.8%. Par extrapolation à l'ensemble de la population, la part des usagers récents (12 derniers mois) d'ecstasy représente environ 36'000 personnes et celle des usagers récents de speed et autres amphétamines environ 27'000 personnes. L'usage d'autres substances psychostimulantes comme la méthamphétamine et la dexedrine n'a été mentionné que par un très faible nombre de personnes (moins de 0.06%). Une sous-estimation de ces différents chiffres ne peut cependant pas être exclue, dans la mesure où l'information concernant une activité sanctionnée pénalement et socialement peut être passée sous silence dans le cadre d'enquêtes téléphoniques.

Les hommes étaient proportionnellement plus nombreux que les femmes à indiquer un usage de ces substances au cours des 12 derniers mois (hommes: 0.8% pour le speed et autres amphétamines et l'ecstasy; femmes: 0.7% pour le speed et autres amphétamines et 0.3% pour l'ecstasy). L'usage dans l'année de ces deux substances concerne principalement les répondants entre 20 et 44 ans et est le plus élevé chez les 20-24 ans (speed: 3.0%, ecstasy: 2.5%).

Selon les résultats de l'enquête HBSC de 2018, entre 1% et 2% des jeunes de 15 ans ont déclaré avoir pris au moins une fois des amphétamines ou d'autres stimulants similaires au cours de leur vie.

Seuils d'usage problématique
Les conséquences problématiques pour la santé de l'usage d'amphétamines ou d'ecstasy varient selon la sensibilité individuelle, le dosage, la fréquence d'utilisation, l'usage concomitant d'autres substances, ainsi que les modes et des circonstances de consommation (Pagliaro 2012; Barceloux 2012). L'usage d'ecstasy comprend notamment des conséquences physiques et psychiques (convulsions, hyperthermie, problèmes cardiaques et cognitifs, perte de poids) sans qu'un seuil d'usage problématique ne soit clairement défini (Marlatt 2012; Pagliaro 2012; Barceloux 2012). De même, l'usage d'amphétamines peut être mis en lien avec des problèmes aussi bien physiques que psychologiques, notamment la dépendance, la neurotoxicité et risques d'infection VIH lors d'injections (OEDT 2011; EMCDDA 2010; UNODC 2003). Là également, un seuil est difficile à déterminer compte tenu des connaissances actuelles.

Evolution et tendances

Tendances générales d'usage
Seules les données de l'Enquête suisse sur la santé (ESS) sont en mesure de fournir des informations sur l'évolution de l'usage actuel d'ecstasy dans la population générale. En effet, en raison des différences dans la manière de poser les questions entre les enquêtes ESS et CoRolAR, il n'est pas possible de comparer directement ces deux sources. Entre 1997 et 2007, la proportion d'usage actuel semble avoir baissé parmi les 15-39 ans (de 0.4% en 1997 à 0.2% en 2007), mais le faible nombre de personnes ayant rapporté un usage actuel d'ecstasy (moins de 30 personnes) invite à considérer ces résultats avec précaution. Par ailleurs, depuis 2012, l'enquête ESS ne permet plus de suivre l'évolution de l'usage actuel, les questions concernant cette substance ayant été modifiées. En ce qui concerne la prévalence à vie, on observe une augmentation marquée chez les personnes âgées de 15 à 39 ans entre 1997 et 2012 (1997: 2.2%, 2002: 2.2%, 2007: 3.6%, 2012: 5.1%). Cependant, un phénomène de cumul est ici probable. En effet, la proportion de personnes déclarant avoir fait usage d'ecstasy au cours de leur vie devrait augmenter logiquement d'une vague d'étude à l'autre puisque les expériences signalées par la première cohorte touchée devraient encore apparaître lors d'enquêtes ultérieures et s'ajouter à celles des nouvelles cohortes.

Evolution des dénonciations pour infractions à la LStup
Selon les données de la Statistique policière de la criminalité, le nombre de dénonciations pour infraction à la loi sur les stupéfiants concernant l'usage d'ecstasy a atteint son niveau le plus élevé en 1996. Après une diminution du nombre des dénonciations jusqu'en 2003 et une phase relativement stable les années suivantes, ce nombre augmente à nouveau dès 2010. Par contre, le nombre de dénonciations liées à l'usage d'amphétamine et de méthamphétamine ne cesse pas d'augmenter. Dès 2009, le nombre de dénonciations pour usage d'amphétamine est nettement plus élevé que celui pour usage d'ecstasy.

Comparaison avec les pays voisins
L'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) indique que parmi les jeunes et jeunes adultes (15 à 34 ans), l'usage récent d'amphétamines (au cours des 12 derniers mois) est relativement stable depuis 2000 dans la plupart des pays européens. En ce qui concerne l'usage d'ecstasy dans ce groupe d'âge, les résultats vont dans le sens d'une situation stable ou d'une hausse en Europe (OEDT, 2019). Dans leurs derniers relevés disponibles, la Suisse ainsi que les pays l'entourant font état d'une situation comparable.

Indicateurs des conséquences problématiques

Domaine du traitement spécialisé
Les indicateurs des conséquences problématiques ne révèlent que des taux relativement faibles de prises en charge liées à l'usage de stimulants tels que les amphétamines ou l'ecstasy. Ainsi, les résultats du monitorage act-info de la prise en charge et du traitement des dépendances en Suisse montrent un taux très faible d'admissions en traitement pour un problème principal lié à l'usage d'amphétamines ou d'ecstasy (2017: 0.6%), en comparaison avec d'autres substances illégales comme la cocaïne ou l'héroïne.

Hospitalisations
Par ailleurs, la Statistique médicale des hôpitaux montre que le taux de diagnostics principaux liés à une intoxication ou une dépendance aux stimulants autres que cocaïne est resté stable et à un faible niveau entre 1999 et 2008 (entre 0.5 et 0.1 cas pour 100'000 habitants). Les diagnostics secondaires pour dépendance aux stimulants sont plus fréquents que les diagnostics principaux, avec un taux maximal en 2008 (1.9 cas pour 100'000 habitants). Finalement, il est à relever que l'Office fédéral de la statistique n'a recensé aucun décès dû à l'utilisation de stimulants autres que la cocaïne depuis 2001.

Coûts sociaux
Il n'existe pas d'estimation des coûts sociaux en lien avec l'usage seul des amphétamines et autres stimulants. Selon une étude menée en Suisse, les coûts sociaux de l'utilisation de drogues illégales dans leur ensemble s'élevaient en 2000 à environ 4.1 milliards de francs (Jeanrenaud et al., 2005). La part attribuable aux stimulants autres que la cocaïne vient selon toute probabilité derrière celles liés aux opioïdes, à la cocaïne et au cannabis.

Résumé
Pour conclure, si l'expérimentation de stimulants tels que l'ecstasy ou les amphétamines semble aussi répandue dans la population que celle de la cocaïne et nettement plus répandue que celle de l'héroïne, les problèmes liés à l'ecstasy et aux amphétamines s'avèrent bien moins importants. Sans qu'il soit possible de l'établir (aucunes données sur la fréquence de consommation), il semble probable que ces substances restent en Suisse confinées à un usage sporadique et n'occasionnent de ce fait que rarement le développement d'une dépendance et des problèmes associés.
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