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Ce site n'est plus mis systématiquement à jour depuis janvier 2020. Pour voir les informations les plus récentes sur les additions en Suisse, nous vous recommandons les sites Faits et Chiffres et le Système de monitorage suisse des Addictions et des Maladies non transmissibles (MonAM).
Usage de substances multiples

Vue d'ensemble

Pluralité des définitions

Il n'existe pas de définition unique de l'usage de substances multiples. Selon les sources traitant de cette problématique, les définitions varient en termes de types de substances considérées et de modalités de consommation.

  • L'Organisation Mondiale de la Santé définit l'usage de substances multiples comme l'utilisation de plus d'une substance ou type de substances psychoactives par un individu, souvent en même temps ou successivement, et généralement avec l'intention de potentialiser ou contrecarrer les effets d'une autre substance.
  • Les troubles mentaux et du comportement liés à l'utilisation de drogues multiples définis sous le code F19 de la classification CIM-10 font l'objet d'une définition plus restrictive: il s'agit ici de l'utilisation d'au moins deux substances psychoactives, sans qu'il soit possible de déterminer laquelle est principalement en cause dans le trouble. Ce code est aussi appliqué pour les cas où la nature exacte de certaines - voire de l'ensemble - des substances psychoactives utilisées est incertaine ou inconnue.
  • L'usage de substances multiples est aussi utilisé plus largement pour définir l'utilisation sur une période donnée, mais pas forcément simultanément de deux substances ou plus par la même personne.

Par conséquent, cette diversité de définitions limite les comparaisons entre les sources car les combinaisons de substances observées ne sont généralement pas similaires ou se basent sur des seuils différents.

Que ce soit au niveau suisse ou international, les prévalences de l'usage de substances multiples, les risques liés à ce type de consommation et les conséquences (p.ex. accidents de la route, intoxications, décès) sont encore peu documentés, notamment à cause de la multiplicité des combinaisons possibles et de la difficulté pratique à déceler la présence de toutes les substances potentiellement impliquées.

Par ailleurs, la richesse des informations à disposition dépend des méthodologies d'enquête utilisées. Ainsi, si les statistiques de saisies par la police ou le nombre annuel d'hospitalisations pour usage de substances multiples sont des sources généralement bien documentées, établir la prévalence de l'usage de substances multiples dans le cadre d'une enquête téléphonique reste nettement moins fiable.

Situation actuelle

Usage de substances multiples dans la population résidente en Suisse
Les données de l'enquête CoRolAR (2011-2016) indiquent que les deux substances les plus fréquemment associées au sein de la population générale sont le tabac et l'alcool (seuils respectifs: consommation quotidienne de tabac et consommation journalière moyenne de 40 grammes d'alcool pur ou plus pour les hommes (20g+ pour les femmes) et/ou consommation de 5 verres ou plus en une occasion pour les hommes (4+ pour les femmes) au moins une fois par mois). Bien qu'une large majorité de la population ne consomme pas de substances dans des proportions élevées, et a fortiori plusieurs substances parallèlement, certaines combinaisons telles que "alcool + médicaments", "drogues illégales + médicaments", "cannabis + alcool", "cannabis + drogues illégales", ainsi que "drogues illégales + alcool" semblent concerner un nombre relativement conséquent de personnes. Dans l'ensemble, les jeunes adultes et les hommes ont plus tendance à avoir un usage excessif de plusieurs substances, à l'exception de l'usage de substances multiples incluant des médicaments psychotropes, qui est principalement observé parmi les personnes de 65 ans et plus.

Selon les résultats de l'enquête HBSC, en 2018, environ 19% des garçons de 15 ans et 14% des filles du même âge ont dit avoir consommé, au cours des 30 derniers jours, au moins deux substances parmi l'alcool, le tabac et le cannabis (Delgrande Jordan et al., 2019).

Evolution et tendances

Une analyse de Maffli et Notari (2009) sur les données de l'enquête suisse sur la santé (ESS) de 1997 à 2007, ainsi que les données de l'ESS 2012, suggère une diminution de la prévalence de l'usage de substances multiples entre 1997 et 2012. Toutefois, de nombreuses combinaisons de substances n'ont pas pu être analysées en raison du trop petit nombre de répondants.

Quant à l'utilisation simultanée de plusieurs substances illicites, la Statistique policière de la criminalité (SPC) montre qu'entre 2009 et 2017, les différentes combinaisons de plusieurs substances ont représenté environ 15% de l'ensemble des dénonciations. Les combinaisons de substances les plus fréquentes correspondent aux substances dont les taux de prévalences sont les plus élevés ("chanvre + stimulants", "chanvre + opiacés", "stimulants + opiacés").

Indicateurs de conséquences problématiques

Aucune tendance claire ne se dégage des différentes sources d'information sur l'usage de substances multiples à disposition.

Domaine du traitement spécialisé
Les données du monitorage act-info montrent que l'usage de substances multiples est fréquent parmi les personnes entrant en traitement en raison d'un usage de substances. En 2016, 15.5% de l'ensemble des personnes ont mentionné l'usage de substances multiples comme raison de l'entrée en traitement. De plus, environ trois personnes sur quatre ayant commencé un traitement pour un problème principal d'opiacés ou cocaïne ont déclaré avoir des problèmes avec une ou plusieurs autres substances secondaires.

Hospitalisations
Les statistiques des hôpitaux indiquent que le taux de diagnostics principaux de syndrome de dépendances lié à l'usage de drogues multiples a diminué depuis 1999. Toutefois, les taux de diagnostics principaux pour intoxication aigüe sont restés stables.

Accidents de la circulation
Les accidents de circulation routière (avec victimes) avec influence présumée d'alcool + médicaments ou d'alcool + drogues sont en augmentation depuis les années 1990, alors que le nombre total d'accidents diminue.

Limites des sources de données disponibles
Il faut relever que de nombreuses sources d'information sont difficilement exploitables dans le cadre de ce chapitre. Ainsi, les données sur les infractions à la loi sur les stupéfiants sont mises à disposition de manière agrégée par l'OFS, il n'est donc pas possible de connaître en détail les combinaisons de substances incriminées et leurs fréquences. De plus, en ce qui concerne les statistiques de mortalité, il est difficile d'estimer le nombre exact de décès liés à l'utilisation de substances multiples. En effet, il n'est pas toujours procédé à des analyses détaillées des différentes substances impliquées pour déterminer si le décès était lié à une ou plusieurs substances.

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